Debout devant mon miroir je jubilais !

En effet, j’excellais dans l’art de me déguiser de prendre une toute autre apparence. C’était une de mes passions, que je cultivais depuis ma plus tendre enfance. Il y a cependant un revers à cette situation qui m’amuse énormément. Mon corps porte plusieurs stigmate de mes prises excessives de poids, ainsi que des mes trop longues diètes. Pour entrer dans la peau d’un personnage, je suis en effet capable de me faire subir les pires tortures.

Cependant ce n’est pas les seules stigmates que mon corps arbore. Sur me torse se trouve des cicatrices, traces immuables de la violence de mon père à mon égard. Certes, les lacérations se sont atténuées avec le temps, il ne reste plus que les marques des cicatrices que je porterais sur moi toute ma vie. Rappel, ô combien douloureux, de mon enfance que j’aimerais oublier. Oh il ne faut pas croire que toutes mes cicatrices sont des traces du passé, il y a, sur mon torse et dans mon dos, des traces plus récentes, les dommages collatéraux de mon métier. Plus récemment, ce sont mes poignets, et le haut de mes bras qui sont marqués. Mes poignets, à cause des menottes qui blessent plus qu’on ne le pense, et le haut de mes bras… coup par balle. Je suis cependant heureux que ces lacérations n’aillent pas plus haut que mon torse, je peux encore aisément les cacher de cette manière.

Il ne faut cependant pas s’arrêter aux cicatrices, car ce ne sont pas les premières choses que l’on remarque chez moi, heureusement. Je pense que la première chose que les gens remarquent chez moi est mon sourire légèrement narquois et moqueur. Du moins, j’aime à penser que c’est ce que les gens remarquent. C’est peut-être aussi mes cheveux noirs ébène, coupés par mes soins dans une coiffure qui me plait énormément. Rasé sur les côtés, et plus long au milieu que je place souvent avec du gel. En tout cas, je sais que ce ne sont pas mes yeux que les gens voient dans un premier temps. Je les cache régulièrement, pour ne pas dire tout le temps, derrière une paire de lunette de soleil Ray Ban. Oui, mes proches ont beau eu me dire que des yeux noisette c’était beau, je ne les aime pas. Est-ce car j’ai l’impression qu’ils révèlent trop de choses sur moi ? Ne dit-on pas que les yeux sont des fenêtres sur l’âme des gens ? Je n’ai pas envie que les gens en sachent trop à mon sujet, c’est certainement pour ça que je cache cette entrée sur mon âme.  

Assis derrière une table, les mains menottées entre elles, je le voyais arriver. Ce psychologue qui devait établir mon profil psychologique. Qu’allait-il pouvoir dire de moi ? Allait-il flirter avec la réalité, ou non ? Toutes ces questions arrivaient en masse dans mon esprit. Ah qu’il me tardait de voir si cette séance allait être concluante.

Après une simple poignée de main, il s’installa en face de moi et commença à me poser des questions, à examiner chacunes de mes moindres réactions. Qu’il était déroutant de se faire ainsi épier par quelqu’un à l’affut de nos moindres mouvements.

Lire à l’envers n’était pas simple pourtant, je tentais de déchiffrer ce qu’il griffonnait sur sa feuille de papier.

Détaché. Ca lui, il avait raison. Je n’ai que faire du malheur des autres, et de tout ce qui peut se produire autour de moi. Tant que je vais bien et que tout est parfait à mes yeux c’est tout ce qui compte. Si je me souciais réellement des autres, j’aurais choisi un tout autre chemin professionnel.

Rancunier. Certes, il marquait encore un point. Je ne pardonne pas facilement, je n’oublie pas ce que les autres m’ont fait et si j’ai la chance de pouvoir me venger un jour je le ferais. Il n’y a que pour très peu de personnes que j’arrive à passer par-dessus cette rancune, mais ces personnes sont peu nombreuses.

Hyperactif. Désolé mon coco, mais la dessus tu te trompe. Je sais prendre mon temps, rester des heures sans rien faire, simplement à observer quand le bon moment sera libre. Je peux rester des jours sans rien faire, je ne pense pas qu’on puisse appeler ça de l’hyperactivité.

Asocial. Pourquoi faut-il que les gens perçoivent toujours les « hors la loi » Asocial ? Non, je me mélange au monde, je fais connaissance et prend tous les renseignements dont j’ai besoin lors de dînés mondain par exemple. J’aime me mêler au monde et voir la tête des gens que je vais cambrioler.

Intelligent. Certes, il aurait put deviner cette qualité beaucoup plus tôt. Ne faut-il pas un brin d’intelligence pour voler les gens sans se faire voir ? Mes plans sont longs et fastidieux à construire et je ne passe pas à l’action tant que tout n’est pas parfaitement au point ! On peut donc aisément en déduire que je suis aussi pointilleux.

Cassé ?. Comment ça, cassé ? Ne sait-il pas étayer son propos ? Je veux savoir comment il en est arrivé à cette conclusion ! Comment pouvait-il lire en moi et dire ça ?! Certes, il n’a pas tout à fait tord et une partie de moi ne se relèvera jamais de ce que j’ai vécu étant gamin, mais pourtant je tentais de cacher cette faiblesse !

Curieux. Ah ça il a dut voir que j’étais entrain de lire à l’envers, du moins je tentais…Enfin, oui je suis curieux et je m’intéresse à tout ce qui est autour de moi.

Après m’être fait remettre à ma place, il m’échangea quelques politesses et s’en alla sans plus rien dire, me laissant sans la salle, seul.