Craig Smith. Voilà un nom qui faisait cogiter Sherlock depuis quelque temps. Le détective savait que le gang de Moriarty avait pas mal de membres sous la main. Et parfois même des gens plutôt doués contre toute attente ! Et parmi eux, il y avait ce Craig Smith. Grâce à son réseau de SDF, Sherlock avait pu récupérer des informations très intéressantes sur cette personne. Voilà donc qu'un scientifique hors pair prêtait sa main d'œuvre à des criminels. Avec un peu d'observation et beaucoup d'informations, Sherlock avait déjà pu dessiner un profil plutôt fidèle du génie. Néanmoins, ce qui l'intriguait le plus était les travaux que Smith pouvait mener pour le compte de Moriarty. S'ils avaient besoin d'un scientifique dans leur rang, il y avait bien une raison. Qu'était-ce donc ? Une arme, un poison, un sérum ? Une arme de destruction massive ? Peut-être bien... Ou peut-être qu'il n'en était rien de cela et que les recherches étaient beaucoup plus complexes qu'il l'y paraissait.

La curiosité piquait Sherlock, c'était bien le cas à chaque fois qu'il s'agissait de science. Ce personnage l'intriguait aussi par les traits de caractère qu'il lui avait prêté jusqu'ici. Lui aussi semblait être capable de se détacher de sentiments plus ou moins humains. Sur ce qu'on lui avait rapporté, Craig avait plus d'un point commun avec Sherlock. Et ça, ça ne plaisait pas du tout au détective.

Alors, le cadet des Holmes prit les devants. Il voulait le voir de ses propres yeux, il voulait interpréter tous les gestes du scientifique à sa guise et connaître la personnalité qui se cachait chez lui. Grâce à ses petits fouineurs de SDF, il avait pu établir un emploi du temps à Smith, lui permettant d'aller inspecter son loft, sans que le propriétaire ne soit dans les parages. Tout excité par les trouvailles qu'il pourrait faire chez le criminel, il avait enfilé son manteau et son écharpe en quatrième vitesse. Juste le temps de vérifier s'il avait bien ses outils nécessaires – tels que sa loupe miniature – et il était parti.

Parfois, on apprend plus de quelqu'un grâce à son environnement quotidien quand lui parlant des heures. Une maison ne ment pas ! Et c'était bien ça qu'émoustillait aussi Sherlock. Bien sûr, le souhait de découvrir des recherches scientifiques en était aussi beaucoup pour quelque chose. Cela dit, au fond Sherlock espérait que Smith soit en retard par rapport aux facultés de Sherlock. Le détective n'aimait pas du tout avoir l'impression d'être devancé cérébralement parlant. De toute façon, il n'était jamais devancé !

Il arriva très vite devant l'habitation de Smith. Pour que son visage échappe au rare passant de la rue, il vissa cette casquette qu'il mettait ordinairement pour le plaisir des spectateurs. Puis, il s'approcha doucement vers la porte, épingle à cheveux à la main pour déverrouiller le verrou. Au moment où il s'apprêtait à forcer l'entrée, il se stoppa net. Il avait dû bruit à l'intérieur.

« Pour l'amour de Dieu, jura-t-il à voix basse. »

Soit ses informateurs s'étaient trompés, soit Smith avait révisé son jugement. Dans tous les cas, ça ne changeait pas la donne. Il rangea son ridicule instrument, repris contenance et élégance avec de frapper à la porte. Maintenant qu'il était là, il n'allait pas faire demi-tour !

« Bonjour Mr Smith, répondit Sherlock à son interlocuteur. J'aimerais m'entretenir avec vous, puis-je entrer ? »

Sur ces mots, Sherlock lui fit un grand sourire charmeur dont il avait la recette. Sourire qui la plupart du temps n'était absolument pas sincère et qui ne servait que son profit. D'ailleurs, il détailla très rapidement le maître des lieux en faisant mine d'être aimable. Sa barbe grisonnante, son maintien et ses vêtements lui donnèrent déjà quelques indices sur la personne qu'il avait en face de lui.