Rima surfait sur le net. Elle faisait souvent ça, quand elle avait franchement rien d'autre à faire. Planer sur des sites peu recommandable comme celui ci, pourquoi pas ? AU moins les gens acceptait de parler avec elle sans jamais l'avoir réellement vu. Bon, c'était tous des hommes, ils se vendaient carrément, il y avait des photos d'eux assez choquantes partout mais c'était déjà ça non ? Oh et puis Rima avait déjà vu pire. Nouveau message. Rima cliqua sur le lien et lâcha un long soupire avant de piocher dans sa poche de bonbons. Une autres demande de rencontre. Elle refusa poliment et continua à regarder les pages une par une, notant par ci par là des choses qui pourraient, sait-on jamais, lui être utile. Et puis soudain, un autre message. D'elle. D'elle même. On utilisais son compte pour s'envoyer des messages... A elle même. Elle plissa les yeux, se rapprocha de l'écran et non, on était bien en train de l'utiliser. Son double lui parla donc. Et Rima répondit aussitôt, tapant plus vite que jamais sur son clavier. « T'es qui et tu veux quoi ? » Oui, elle avait le mérite d'être franche et rapide. « Réponds. » Se parler à sois même était une chose étrange, Rima devait bien l'avouer. Alors le double lui fixa un rendez vous. Oui, rima avait apprit de s amère qu'on ne devait pas suivre ni parler à des inconnu, mais cette Rima là n'existait plus depuis quelques temps, Rima faisait ce qu'elle voulait, quand elle voulait aussi, elle accepta. « Très bien. ».

Le lendemain elle quitta son studio et se mit en route. Le double, qui était ce foutu double ? Si elle avait été découverte, il fallait qu'elle le sache au plus vite, histoire de faire tout disparaître. Le rendez vous était fixé dans un lieu public, dans des toilettes plus précisément. Rima avait trouvé cela assez étrange mais bon, sur le coup, elle était prêt à tout pour voir le visage de son double. Elle poussa donc la porte des toilettes pour homme et enleva ses lunettes de soleil. Elle s'assit donc, sous le robinets des toilettes. Cela pouvait paraître étrange mais personne ne la voyait. Un homme entra fit ses petites affaires et Rima passa inaperçu. Drôle de vie. Elle sentit alors quelqu'un se glisser à ses côtés. Un gars. Son double était un gars. Elle tourna la tête, toujours coincée sous ses robinets et le regarda comme elle pouvait.  Il était grand, brun, un visage tout ce qu'il y avait de plus commun. Bon alors pourquoi sentait-elle que quelque chose n'allait pas ? Elle se tordit dans tout les sens pour lui serrer la main, comme faisaient les hommes entre eux.

Enchanté, je suis Rima. Drôle lieu de rendez vous quand même, vous devez être assez spécial.

Oui, ce n'était pas la première chose qu'on était censé dire lors d'une rencontre, mais c' était Rima.

Alors dite moi tout, pourquoi moi ?

Oui, parce qu'elle se sentait un peu comme une victime, victime d'un gars à lunette hacker de comptes féminins sur des sites porno.

L'informatique et Zeke, c'était une assez grande histoire d'amour. Il aimait bien tout ce qui était codages, création de sites, de machins, de gadgets inutiles. Mais par dessus tout, il aimait troller. Il avait récemment mis sur pied un petit logiciel qui décodait le code secret des comptes sur un site de rencontre. Bon certes, ce n'était pas très utile dans la vie de tous les jours mais ça avait au moins le mérite d'être amusant. Le jeune homme avait examiné la liste - très longue - des membres connectés, en avait choisi un au hasard puis s'était connecté avec. Une certaine Rima... Drôle de prénom, surtout pour une nana qui n'avait rien d'asiatique. Il envoya quelques messages au hasard à des hommes et des femmes qu'il trouvait amusant - généralement pas son genre à lui, par exemple - puis s'adressa à la principale concernée. Zeke sourit derrière son écran d'ordinateur quand la nana lui envoya une réponse plutôt direct. « Demain, rendez-vous dans les toilettes publics près de la gare ? » Très raffiné comme lieu de rendez-vous mais il ne faut pas oublier que Zeke s'amusait comme un dingue en cet instant, distribuant aussi divers rendez-vous à des dizaines d'inconnus. Et lui rencontrerait peut-être la propriétaire du compte. S'il irait ? Bien sûr qu'il irait, il ne voudrait rater ça pour rien au monde ! On lui reprochait souvent d'être trop sérieux, trop discret et trop travailleur. Caché derrière un ordinateur, il avait le mérite de se lâcher. Il nota le rendez-vous sur un post-it qui traînait et sourit quand la réponse arriva. Elle était partante, il l'aimait bien.

Le lendemain, Zeke prit la direction de la gare. Il chaussa ses lunettes - pas le moment de buguer avec ces débiles de lentilles qui lui explosaient généralement les yeux -, lissa son manteau et zou, en avant pour l'aventure. Le garçon mit un point d'honneur à arriver à la bourre car bon, fallait voir à pas passer pour le gars trop à fond sur l'histoire. Il se glissa bientôt dans les toilettes, se faufila sous les robinets - certes le lieu de rendez-vous le plus bizarre qu'il ait connu dans sa courte vie - et adressa un grand sourire à la demoiselle. Lui qui était généralement inexpressif - aux dires méchants de certains - était en forme aujourd'hui. Il se contorsionna pour serrer la main qu'elle lui tendait et attendit qu'un troupeau de mecs sortent avant de lui répondre. « Avouez qu'il est amusant, comme lieu de rendez-vous. Je ne crois pas qu'un autre type vous l'aurait donné. » Ce en quoi, ce n'était pas particulièrement romantique donc non, aucun garçon digne de ce nom et un tant soit peu doté d'une cervelle n'aurait donné cet endroit à une fille. « Rima donc ? C'est marrant, vous n'avez rien de japonaise. » Il remonta ses lunettes avec un nouveau sourire. « Je vous ai choisi au hasard sur la liste des membres, en fait. » Zeke s'apprêtait à se présenter lorsqu'un policier se pencha brutalement pour les observer, là, pelotonner sous les robinets des toilettes publics de la gare. « Vous voulez vous joindre à nous ? » Certes, ce n'était peut-être pas le truc à répondre à un représentant des forces de l'ordre mais Zeke n'avait pas réfléchi avant de parler. Un tort apparemment quand on voyait la couleur violacée que prenaient les joues du bonhomme. « Sortez de là ! Tout de suite ! » Le garçon fit preuve de bonne volonté puisqu'il se redressa. Sauf que voilà, sa tête heurta le robinet avec un BONG sonore et il eut l'impression qu'elle se fendait en deux sous l'impact. « Ouh punaise... » Et comme jamais deux sans trois - le policier était le numéro un, le robinet le numéro deux - ses lunettes glissèrent, il porta vite la main et, bah donna un grand coup au policier. « Euh... Pardon pardon... » Non, apparemment ça n'allait pas passer.

Non en effet, personne ne lui aurait donné ce genre d'endroit comme lieu de rendez vous. Rima avait eu la chance de connaître des lieux plus classes, plus propres aussi. Bah, ce gars était original, elle aimait les gens originaux. Ils étaient différents et souvent bien moins ennuyeux que la majorité de la population. Pas comme sa soporifique de mère par exemple...

En effet, je suis anglaise pure souche.

Oui, donc son prénom lui faisait encore défaut. Peut être aurait-elle du choisir quelque chose de moisn exotique quand elle avait fait sa nouvelle identité ? Bah, elle avait toujours aimé un personnage du même nom dans un manga japonaise. Et puis son ancien prénom n'était pas mieux... Celui d'une pauvre nymphe ou muse désabusé... Merci bien.

La liste des membres ?

Alors il avait piraté son adresse juste pour le plaisir ? En même temps, venant de la part d'un gars qui donnait des rendez vous dans des toilettes de gares, Rima ne savait ps trop à quoi s'attendre d'autre. Et là la catastrophe survint. Un policier débarqua, se pencha vers eux, un regard interrogateur et parfaitement surpris sur le visage. Il leur demanda en gueulant de sortir de leur cachette ce à quoi Rima faillit répondre « c'est notre lieu de rendez vous, un peu de respect » mais le garçon à ses côtés fut plus rapide et demanda  l'homme en costume sombre s'il souhaitait les rejoindre. Elle eu envie de mourir mais d'un côté, il fallait bien avouer que l'instant était comique.Il entreprit alors de se relever, Rima l'imita sauf que là, sans qu'elle comprenne quoi que se soit, le garçon mit un coup au policier. Sans doute pour ses lunettes.  Oups. Elle recula d'un pas vers la sortie mais le gars ne le voyait pas de cet œil là. Il leur barra la route vers la seule issue possible et attrapa son petit talkie walkie. Zut, des renforts. Et il sortis des menottes.

C'est pas un peu abusif là gros con ?

Oui, Rima était ne fille grossière. Oui, elle venait d'insulter un flic. Oui, c'était mal. L'homme armé grommela quelque chose avant d'avancer vers elle et le gars aux lunettes. Vite vite, fuir. Et la première idée qui lui vint fut sans doute une des plus stupide de toute sa vie. Elle se jeta littéralement sur les premières toilettes, entraînant le jeune homme avec elle et ferma la porte à clef. Et voilà, coincé avec urinoirs. Cool. Le policer avait du être surpris car un « mais... » s'échappa de sa bouche. Il arriva ensuite pour tambouriner de toutes ses forces contre la porte des toilettes. Rima se cala contre le mur et leva les yeux au ciel. Il fallait juste attendre qu'il parte maintenant. Elle se tourna vers son double pirate de compte sur site de rencontre et reprit, l'air parfaitement à l'aise.

Bon alors, on en était où au fait ? C'est quoi ton prénom au juste ?
OUVREZ CETTE PORTE ! J'AI DU RENFORT QUI ARRIVE !
S'il voulait bien fermer sa grande bouche le monsieur on s'entendrait mieux.

Et elle fit un grand sourire dévoilant une rangé de dents bien alignés à son nouveau compagnon de.... Toilette.

Zeke posa les yeux sur les deux paires de menottes que le polciier avait sorti. D'un côté, le garçon pouvait toujours dire qu'il travaillait lui aussi pour la police et qu'en plus, rien n'interdisait à deux individus lambda de se retrouver sous les robinets de toilettes publics – puisqu'ils étaient publics justement – mais il sentait que ça n'allait pas passer. Le flic était apparemment de fort méchante humeur ; il n'avait qu'une envie : se défouler sur les deux premiers venus qui auraient une tête à finir en garde-à-vue. Et puis bon, sa collègue du jour n'aidait pas vraiment. Aux mots gros con, Zeke lui fila un coup de coude dans les côtes mais c'était un peu tard. « On peut aller boire un café si ça vous fait déstresser et tout... Non ? » Apparemment non. Zeke grimaça lorsque la moustache du type remua. C'était vraiment ignoble. Il leva une paire de menottes, mimant un pas dans leur direction quand ils disparurent. Enfin ils ne disparurent pas à proprement parler. Disons que Rima trouva le moyen de les projeter dans la première cabine de toilettes qui passait et de verrouiller la porte derrière eux, laissant le pauvre policier dehors. Zeke regarda la mince porte en plastique trembler sous les coups de l'homme. Bon, les constructeurs de préfabriqués de toilettes avaient tout bon à propos de la solidité : ça résistait bien.« Ah oui, moi c'est Zeke. » Techniquement, c'était un diminutif mais personne ne l'avait plus appelé par son vrai prénom depuis des années. Rima ne ferait pas exception. « Tu t'appeles vraiment Rima ou c'est juste pour le fun ? Non parce que ça ne sonne pas très anglais tout ça... » Le garçon lui adressa un clin d'oeil moqueur puis grimpa sur le siège des toilettes, histoire de prendre un peu de hauteur. « C'est vrai qu'il est un peu bruyant, ce monsieur. » Zeke observa rapidement la configuration des toilettes. S'il enjambait ça... Un nouveau clin d'oeil à son amie du jour et il était parti. Il passa par-dessus le mur qui séparait leur cabine de celle de droite avec difficulté, trouvant l'espace entre le mur de plastique et le plaond un peu petit. Pouf, il se laissa tomber, manqua de glisser dans la cuvette et se retint à la chasse d'eau. Qui se déclencha, bien évidemment. « MAIS QU'EST-CE VOUS BRANLEZ VOUS DEUX ! SORTEZ ! » Non non non, monsieur l'agent. « Aller viens, Rim' ! » Il lui adressa un sourire enchanté par-dessus le mur préfabriqué et commença à enjamber le second obstacle. Deux cabines le séparait encore de l'entrée des toilettes publics. « Allo, je demande des renforts. Je me trouve à l'intérieur... » Ah, ça c'était pas très cool, ça allait faire tâche s'il se faisait arrêter pour... Euh, pour quoi d'ailleurs ? Zeke n'avait pas fait grand chose d'extraordinaire, excepté donner rendez-vous à une nana inconnue sous des robinets et manquer de crever un œil à un flic. Bon d'accord, il avait laissé une grosse trace sur le troisième mur mais c'était involontaire et d'ailleurs, si le flic n'avait pas été aussi désagréable, il ne serait pas là à faire de l'escalade. Arrivé dans la dernière cabine, il ouvrit brutalement la porte... Qui rebondit sur le policier. Celui-ci poussa un hurlement en se tenant le nez. « Oups... Rima, vite ! » Il slaloma entre le policier au nez en sang et le mur et jaillit à l'extérieur où ce fut à son tour de percuter quelque chose. La chose en question hurla aussi – les policiers étaient des créatures bruyantes apparemment – tandis qu'ils rebondissaient l'un contre l'autre. Zeke vit le sol se précipiter à sa rencontre et il se réceptionna avec les mains. Ouille, ça faisait mal ça. « Alors les jeunes, on détruit les lieux publics ? » En théorie non, mais Zeke se voyait mal répliquer ça à quelqu'un quand le quelqu'un en question tenait une matraque. « Euh, techniquement... » Une paire de menottes scintilla au soleil. Bon, tant pis, ils auraient essayé au moins. Le policier lui ramena les bras dans le dos, serra les bracelets métalliques et zou, en voiture. « On a deux voitures, autant pas les mettre ensemble, ça leur fera les pieds. » Ben voyons... Zeke lança un regard pleine de sous-entendus à l'adresse de Rima, du genre « et si on s'amusait à s'échapper ? » puis monta sagement dans la voiture.

Rima l’aimait bien ce type. Il était drôle et il la faisait rire. En plus il avait un prénom vraiment étrange, qu’elle n’avait jamais vu nulle part. Zeke, très bien, à mettre de côté. Elle le fixa, le voyant examiner l’endroit. Oui, ils étaient dans des toilettes, assez étrange il fallait bien l’avouer. Et oui, elle ne savait pas vraiment comment ils allaient sortir de là. L’agent était toujours devant la porte, et ne semblait pas s’épuiser. Ses mains devaient souffrir à force de cogner contre une porte qui ne s’ouvrait pas. Elle le vit alors escalader – oui oui, vraiment escalader le mur des toilettes – et passer dans la cabine d’à côté. Elle entendit un bruit de chasse d’eau, signe peut être que Zeke avait atterrit dessus. Sa tête fit une nouvelle apparition et Zeke – lui donnant un nouveau surnom au passage – l’invita à l’imiter. Elle ne perdit pas une seconde, et entama à son tour l’escalade périlleuse du mur des toilettes. Elle se cogna la toilette, ce qui eu pour effet de la faire atterrir deux fois plus vite dans la petite poubelle qui se trouvait là qu’elle renversa. Elle entreprit de continuer, s’appuyant sur quelque chose qui se révéla être uen chasse d’eau, et qu’elle brisa bien évidement. Une fuite se déclara donc, avec un petit bruit strident. « Génial… voilà que je dégrade des toilettes maintenant… ». Elle entendit le policier appeler des renforts, ce qui était vraiment mauvais signe. Elle arriva dans la dernière cabine, où se trouvait son nouvel ami. Il ouvrit la porte d’un grand geste tout sauf délicat et manque de bol, le policier se trouvait juste derrière. Il se la mangea donc en pleine face et Zeke l’entraina hors des toilettes.

Combo. Plein de policiers en fureur qui se rentraient tous les uns dans les autres en hurlant des choses incompréhensibles. Un des hommes ne uniforme parvint à immobiliser Rima qui s’agitait dans tout les sens et à lui passer une paire de menotte. Dégradation de lieu publique ? Rima ragea, non, pas du tout. Elle n’en avait pas du tout l’intention. Mais elle préféra ne rien dire. Pour faciliter les choses, ils montèrent dans des voitures différentes. Elle nota le regard qui lui avait lancé Zeke, oh oui, elle était partante. Elle fut mise à l’arrière, côté fenêtre, un flic à ses côté et deux devant. L’un deux buvait son café, l’autre alluma la radio comme si de rien n’était. Décidément, le casier de Rima ne cessait de s’agrandir. Bon d’accord, le casier de Rima Phoenix était quasiment vierge, si on enlevait les pv, mais c’était tout. L’ancienne elle en revanche, avait un casier bien rempli. A cette époque Io Phoenix était une fille qui volait des lunettes de soleil dans les magasins, taguer les murs et faisait des gestes obscènes aux forces de l’ordre lors de manifestation pour l’environnement.

La partie la plus fun de leur voyage en voiture fut quand ils se retrouvèrent dans les bouchons, sur un pont. La voiture de Rima alla s’arrêter à côté de celle de Zeke et les deux étant du bon côté vitre, Rima cru utile de lui faire un petit signe en souriant, toujours menotté. Le flic à côté d’elle eu l’air agacé mais ne fit rien. En revanche, il commença à rager quand Rima se mit à faire des grimaces, à se coller contre la vitre à la manière d’un enfant, à lécher la vitre – car oui tant qu’à faire il fallait qu’elle s’amuse un peu – et se taper la tête contre le plastique afin que Zeke rigole. Oui, elle avait l’air stupide, mais Rima savait ce qu’elle faisait. Excédé, le policier entreprit alors de la changer de place. Il se leva, ouvrit la portière côté Rima, la prit par le bras et… n’eut pas le temps d’aller plus loin. Avec un cri de rage, Rima se redressa et lui donna un bon coup de boule dans la tronche. Il se plia en deux et les coups de pieds partir. Toujours dans les bouchons, les patients qui étaient là assistaient à la scène, klaxonnant de temps à autres. Le flic au café sortit lui aussi, son gobelet à la main mais bien vite, il se retrouvé trempé de son boisson brulante et poussa un cri. Et l’autre… l’autre semblait cherche son arme. Sauf que Rima était connu pour être rapide. Elle se plaça devant la portière de Zeke, l’ouvrit avec un peu de mal, la faute au menotte. Les flics dans la voiture de son ami n’avait rien vu venir car bientôt, les deux toujours menotté furent hors voiture.

Vite Zeke, par là !

Et une course folle commença, des coups de feu, des bouchons, des automobilistes paniqués… c’était tout ce qui leur fallait. Mais le mieux était ce camion de fourniture alimentaire. Profitant de la confusion, elle souleva la bâche à l’arrière et invita Zeke à s’y glisser à ton tour. Les flics hurlaient dans tout les sens, cherchant leurs deux fuyards menottés, mais bien plus organisé qu’eux.

On est bien ici hein ? On a même du pain tient… Faut juste qu’on s’enlève ça… - elle agita se menottes sous le nez.

Une petite secousse, la circulation était repartit. Elle entendait le cri des policiers fou de rage, toujours à leur recherche.

Au fait, Rima c’est Japonais. C’est un prénom d’emprunt.

Elle lui sourit. Oui en temps normal on ne disait pas de telle chose à un gars qu’on connaissait depuis à peine une petite heure, mais elle sentait qu’elle pouvait lui faire confiance.

Zeke… c’est rigolo.

Assis dans la voiture de police, Zeke coula un regard à son voisin. Il s'agissait d'un tout petit homme, vraiment minuscule et si mince que le garçon se demanda s'il mangeait tous les jours. Peut-être pas, après tout. Peut-être qu'il avait à peu près la même fonction que Zeke au sein de la police, c'est à dire un rôle entre la plante verte de décoration et le porte-manteau. Avec le salaire correspondant évidemment, soit trop bas pour être véritablement un salaire. Enfin aujourd'hui, il n'était pas Ézékiel Hardy le porte-manteau, il était Zeke le gamin qui détériorait des lieux publics à l'aide de sa complice de toujours. Complice qu'il avait rencontré à tout casser dix minutes auparavant. Son casier judiciaire était vierge mais c'était apparemment sur le point de changer. Il s'était fait avoir, pour la première fois de sa vie, et c'était assez rageant. La voiture s'arrêta à un feu rouge et Zeke répondit au signe amical de Rima, à à peine deux mètres de lui, dans la seconde voiture. Le maigrelet lui donna un léger coup de coude dans les côtes. Apparemment, les signes entre deux délinquants n'étaient pas autorisés, quand bien même ils étaient menottés comme des assassins. Rima était une fille terriblement fun quand elle s'y mettait et peu import les coudes de coude répétitif du voisin porte-manteau, le jeune homme ne put s'empêcher d'éclater de rire quand elle lécha la vitre. « Mon Dieu, c'est crade...! » « Ferme-la ! » « Oh, ça va... » Il adressa une moue boudeuse à son voisin et se tourna de nouveau vers la vitre. Le flic à côté de Rima finit apparemment par craquer car il ouvrit sa portière avec un soupir que même Zeke entendit, et finit rapidement au tapis. Eberlué, Zeke regarda sa camarade ouvrit sa portière et l'aider à sortir de la voiture. « Wow, trop forte. Rappelle-moi de ne jamais t'énerver, hein ? » Pour lui, ça ne faisait aucun doute maintenant : ils resteraient potes et en contact pour la suite. C'était... une évidence.

Courir les mains dans le dos est une chose sacrément difficile. Zeke n'avait quasiment pas d'équilibre et il se retrouva plusieurs fois appuyé contre des portières de voitures bloquées dans les bouchons du pont. Des fenêtres s'ouvraient, laissant apparaître des visages curieux qui épiaient leur course folle en zigzag. Un type tendit la main pour stopper Zeke mais celui-ci, sans trop savoir comment il effectua cet exploit, se baissa et l'esquiva de justesse. Il se glissa entre deux voitures et rejoignit Rima au pied d'un camion. Les deux aventuriers du jour se glissèrent sous la bâche en plastique. « Bien trouvé, partenaire ! » Voilà, Rima était devenue sa partenaire. « Je sais pas comment on va faire pour en lever ça par contre. » Il y avait de ces injustices dans le monde... Genre Rima, on lui avait pas foutu les menottes dans le dos mais lui oui. « Mais on peut aller se planquer chez moi en attendant. Enfin chez ma mère, moins de risques. » Zeke se cala plus confortablement contre un sac rempli de farine, agita les doigts pour chasser les fourmis qui les envahissaient peu à peu et sourit à sa camarade. « Un nom d'emprunt ? T'es une criminelle ? » Bizarrement, ça ne lui déplaisait pas. Et dire qu'il travaillait pour la police normalement... Ouais, mais il n'était que le pot de fleurs dont tout le monde pouvait se passer. Son instinct lui souffla toutefois de ne pas dire qu'il travaillait pour les flics. Cette fille était passionnante, il voulait en savoir plus. « Ouais, Zeke est un surnom et jusque là, j'en ai pas croisé beaucoup donc ça me va. Mais dis-moi, pourquoi un nom d'emprunt ? » Zeke adressa un sourire candide à la jeune fille avant de jeter un coup d’œil par un trou dans la bâche. « Ils nous cherchent toujours. S'ils nous trouvent, on va en plus être accusés de violence envers les forces de l'ordre. Ça va faire désordre dans nos casiers. » Techniquement, ils étaient innocents en plus ! Ils avaient juste rendez-vous sous les robinets de toilettes publics et ça n'avait pas plus à un policier mal embouché. Ce n'était quand même pas de leur faute ! Bon certes, ils auraient pu s'excuser et partir bien gentiment, au lieu de quoi ils avaient préféré escalader les murs, se faire arrêter et tabasser les flics. Mais sans l'arrestation, rien ne serait jamais arrivé, hein ? Le camion s'arrêta et Zeke peina à se lever. Ils avaient à peine soulevé la bâche qu'ils se retrouvèrent face à l'épicier. « Euh... Bonjour. » Avec un sourire contrit, Zeke se leva mais son équilibre n'étant toujours pas au top avec ces foutues menottes, il tomba en avant et s'écrasa sur le pauvre homme. Les deux basculèrent en arrière et tombèrent dans le caniveau. « Han punaise, ça fait mal... » Il allait rentrer couvert de bleus le Zeke, à force. Il se redressa à genoux, fit un bref signe à Rima et partit en courant dans la première petite rue venue. « Ma mère habite pas trop loin mais on ferait mieux d'être discrets... Et pas trop pressés. Ça attire l’œil. » Zeke reprit une allure plus tranquille dans les petites rues, les mains dans le dos comme un vieux en train de se promener. Sa mère avait un appartement minuscule à moins de deux rues d'ici, c'était jouable. Bon, elle serait sans doute surprise de voir 1/ son fils débarquer, 2/ le voir débarquer avec une fille et menottés comme des criminels. « Voilà, c'est là. » Deux étapes plus tard, il toquait à la porte du bout du pied. Une femme dans la cinquantaine ouvrit avec un sourire las et... Ses yeux s'arrondirent quand elle vit Zeke, sa bouche s'ouvrit sous le coup de la surprise quand ils se posèrent sur Rima et ses menottes. « Oh Zeke, qu'as-tu encore fabriqué ? Me dis pas que ça recommence... » « Maman, on peut entrer s'il te plaît ? » Les larmes aux yeux comme devant une apparition, elle laissa passer les deux jeunes gens et poussa un nouveau « Oh ! » malheureux en voyant la seconde paire de menottes. « Bon sang, mais qu'est-ce que vous avez fabriqué ! Et c'est qui, elle ? » Une nana sous une fausse identité qui explose les flics, pourquoi ? Mais Zeke laissa à Rima le soin de se présenter.

Partenaire. Rima était ravie. Ravie de s'être trouvé un bon pote avec qui vivre de folles aventures. Chez sa mère ? Pourquoi pas, après tout, elle n'était plus à ça près. Et elle était curieuse de voir la femme qui avait mis au monde un mec aussi étrange que Zeke. Et elle avait vu juste, Zeke était un surnom, elle chercherait plus tard de quoi, et elle entendait bien trouver.

Une criminelle ? Non, pas que je sache ! Nan je voulais juste... je sais pas, un nouveau départ. Ça m'a prit comme ça, d'un coup. Ouais je sais, c'est pas courant les gens qui change de nom comme ça mais que veux tu ! Enfin si, je dois admettre que je fais aussi des choses pas très nettes, du genre actuellement pour payer mes factures je fais des papiers ! Si tu en a besoin un jour...

Elle lui fit un grand sourire et lui retourna la question. Lui, c'était un criminel ? Et qu'est ce qu'il faisait dans la vie ? L'arrière du camion bougea et bientôt ils se retrouvèrent face à face avec le livreur qui le mit dehors. Rima suivit sans rechigner son compagnon vers l'endroit où vivait sa mère. Elle entra alors, souriante histoire de faire bonne impression. Après tout, il fallait pas que la mère de son ami la prenne pour une folle dingue. Pas tout de suite.

Enchanté je suis Rima, une amie de votre fils, nous nous sommes rencontrés à la gare ce matin !

Elle lui tendit ses mains menottés.

Vous êtes adorable de nous porter secours, nous sommes un peu dans l'embarras. Vous auriez quelque chose pour arranger ça ?

Elle lui montra ses menottes et celle de son fils, une moue sur le visage. Elle en profita pour s'asseoir sur le canapé. Franchement ses poignets n'allaient plus tenir le coup très longtemps. Ils lui faisaient un mal de chiens. Ils allaient finir par tomber. « En même temps, tu t'agite tellement avec, ça n'aide pas ! » Elle se tourna vers Zeke et se pencha vers lui.

C'est joli ici.

Était ce par pure politesse ou bien sincère ? Difficile de savoir quand on savait que la jeune femme qui venait d'annoncer ça n'en savait rien elle même. Et alors un bruit attira son attention. La mère du jeune homme qui parlait toute seule.

Ta mère perd pas un peu la boule dis ?

Elle se leva et regarda derrière la porte. Elle était en train de téléphoner. Alors, toujours menotté elle se jetta sur Zeke.

God, elle appelle les flics ta mère !

Décidément la madame n'avait rien capté à la situation, c'était embrassant et très très agaçant. Et dangereux aussi, Rima n'avait pas envie de se faire coffrer, pas aujourd'hui !

On fait quoi là ? On doit avoir cinq minutes avant qu'ils rappliquent !

Elle regarda en biais la fenêtre. Non, mauvais idée, ce n'était pas le moment de tenter un numéro désescalade sur une façade inconnu et avec les mains prises en somme. Quoi que, il n'y avait pas d'autre options, ou alors elles risquaient toute de les faire prendre.